Les exceptions dans le monde du dépoussiérage : comment s'y retrouver
Le dépoussiérage est un domaine rigoureusement encadré par des lois et des normes visant à assurer une performance minimale du système tout en garantissant un environnement de travail sécuritaire. Ces règles sont dictées par différentes instances et comportent souvent des contradictions.
Précisons que, dans la majorité des cas, les dépoussiéreurs de grande envergure doivent se conformer d’emblée aux normes et règlements. Ce qui implique l’ajoute d’une panoplie d’accessoires dont l'objectif est de minimiser les risques lors de l’utilisation du système. Il va de soi que le coût global associé à de telles installations est donc décuplé. Il est donc facile de s'expliquer les raisons économiques poussant les futurs acquéreurs à vouloir exploiter les exceptions lorsque c'est possible.
Pour vous aider à voir plus clair dans la valse des exceptions, nous vous présentons ici les règles dérogatoires les plus communes ainsi que leur interprétation.
Contrer les explosions dans un petit système fermé
Rappelons qu’un système est dit fermé lorsque les médias filtrants sont confinés à l’intérieur du dépoussiéreur. En présence de poussières potentiellement explosives, il est normalement exigé que ce type d’appareil soit muni d’évent afin d’évacuer la pression générée par une explosion.
Au Québec, selon la CNESST : « Tous les systèmes de collecte fermés de plus de 0,71 m3/s (1500 pi3/min) doivent être protégés par des évents de déflagration ou un système de suppression d’explosion conforme aux normes NFPA 68 ou NFPA 69. Si les collecteurs sont situés à l’intérieur, les évents de déflagration doivent déboucher sur l’extérieur. Dans ce cas, la longueur des canalisations ne peut dépasser 6,1 m (20 pi). Les structures des collecteurs et de la canalisation des évents doivent être renforcées. »
Tiré du Guide Captage et séparation des poussières combustibles
Ainsi, pour un système fermé ayant un débit inférieur à 1500 pi3/min, il n'est pas obligatoire d'avoir des portes-explosion (accessoire #6 sur notre visuel de référence) pour agir comme évents de déflagration. La raison derrière est qu’un tel débit ne peut engendrer une pression suffisamment importante lors de la déflagration des particules pour éventrer les parois d’acier d’un dépoussiéreur. On doit toutefois équiper le système d’un volet anti-refoulement (accessoire #3) pour empêcher le retour de flamme.
Dans la situation où l’air filtré est recirculé, le système doit sécuriser l’intérieur du bâtiment en cas d’explosion. Si le dépoussiéreur est installé à l’intérieur sans possibilité d’évacuation vers l’extérieur, un volet à action rapide (accessoire #17) peut confiner la flamme. Autrement, il sera nécessaire d’ajouter un volet de détournement (accessoire #1) afin de rediriger la flamme vers l’extérieur.
De plus, une sonde de détection d’étincelle devra être connectée au panneau de contrôle du dépoussiéreur, qui doit aussi être interrelié à l’équipement dont il capte les particules. Ceci permettra d’interrompre le courant et évitera ainsi d’alimenter la déflagration ou l’incendie en cours avec davantage de particules inflammables.
Mais voilà, il y a une contradiction : la norme du Code national de prévention des incendies du Canada stipule quant à elle qu’un dépoussiéreur fermé, installé à l’intérieur d’un bâtiment, ne nécessite pas d’évent déflagrant si sa capacité est inférieure à 1058 CFM (0,5 m3/s).
Le petit système ouvert : les exceptions dans l’industrie du bois
Dans un modèle ouvert (où les sacs filtrants sont apparents), le débit maximum autorisé est de 0,71 m3/s (1500 pi3/min), sauf dans l’industrie du bois.
Les poussières de bois ne sont pas sans danger, mais il s'agit de poussières peu dangereuses comparativement à d'autres types poussières. Pour cette industrie donc, la norme NFPA 664 autorise un débit allant jusqu'à 5000 pi3/min.
Industrie du bois norme NFPA-664 – 8.2.2.5.1.4 (7) : « On permet l’installation de collecteurs ouverts d’une capacité maximale de 2,4 m3/s (5000 pi3/min) à condition qu’ils se trouvent à au moins 6,1 m (20 pi) de tout poste de travail, voie de circulation et sortie de secours ou d’autres dépoussiéreurs de même type. »
À noter toutefois : on n'autorise pas la connexion de sableuse sur un petit système ouvert, car ces poussières sont très fines, et donc, plus dangereuses.
Que faire si on ne peut respecter la distance minimale?
Comme on l’a vu dans la norme plus haut, on doit prévoir au moins 6,1 mètres entre le système de dépoussiérage ouvert et le poste de travail d'un ouvrier, une voie de circulation ou une sortie de secours. Quand la configuration de l’usine ne permet pas de placer le système à cette distance, il faut installer un écran de protection contre la déflagration comme :
- un panneau, une surface, une séparation ou un obstacle qui agira comme un déflecteur afin de créer une zone sécuritaire à l’abri de la propagation de flammes;
- une feuille d'acier, un matériau synthétique ou un mur de gypse offrant une résistance au feu d’au moins 30 minutes.
Cet écran doit être installé de façon à protéger complètement l'environnement à proximité (on ne doit pas voir le dépoussiéreur). Cependant, il faut éviter d’encloisonner le dépoussiéreur, sinon ce dernier sera considéré comme un système fermé et ceux-ci ne sont pas soumis aux mêmes règles.
Le dépoussiérage dans l’industrie du métal
Certaines poussières sont beaucoup plus dangereuses que d'autres comme celles d’aluminium, de magnésium ou de titane. Lorsqu’une entreprise possède un dépoussiéreur sec, les collecteurs de poussières doivent être situés à l’extérieur et à une bonne distance des bâtiments (15 m). Les dépoussiéreurs humides, eux, peuvent être installés à l’intérieur étant donné que l’humidité réduit les risques d’incendie.
Pour en savoir davantage sur la particularité de la filtration de poussières métalliques hautement explosives, nous vous invitons à consulter notre ancienne publication couvrant ce sujet.
Vélocité et vitesse de transport
La vélocité minimale autorisée est normalement de 3200 pi/min. Sous cette vitesse, il peut y avoir des problèmes d’accumulation de poussières dans les conduits.
Dans l'industrie du métal cependant, 3200 pi/min n'est souvent pas assez rapide, car les poussières sont si dangereuses qu'il faut les évacuer rapidement. Il est donc recommandé par la NFPA de configurer leur vélocité à 4500 pi/min. En contrepartie, croire qu’une vitesse de transport supérieure des particules métalliques serait une solution avantageuse est trompeur, puisque la friction sur les parois des conduits serait susceptible de provoquer des fuites dues à l’abrasivité des particules.
Recirculation de l'air : possible ou pas?
La recirculation de l’air est évidemment un choix logique d’un point de vue écoénergétique, mais il n’est toutefois pas toujours possible de réintroduire l’air filtré dans le bâtiment.
Selon les recommandations de la NFPA (484 - 4.3.6), lorsqu’on utilise un collecteur à sec fermé pour filtrer des poussières métalliques d’aluminium, l’air ne peut être recirculé, et ce, à cause des risques élevés d’explosion.
Dans le cas d'un dépoussiéreur à voie humide, l'air est généralement envoyé à l'extérieur, mais dans certaines conditions précises, il pourrait être permis de le recirculer à l'intérieur.
Notez aussi que, même en très petites quantités, certains contaminants ne peuvent être recirculés puisqu’ils engendrent des effets cancérogènes démontrés ou soupçonnés ou qu'ils sont la source de diverses maladies. En voici quelques exemples :
- la silice cristalline provenant des mines ou de roches comme le granite;
- les fumées de soudure d’acier galvanisé, car il dégage du chrome hexavalent
- l’amiante;
- les dérivés du pétrole.
La sécurité avant tout!
Comme vous le constatez, il existe beaucoup de cas d’exceptions selon les industries, les types de poussières et les systèmes utilisés. Notre connaissance des normes vous permet d’assurer la sécurité au sein de vos installations, tout en optimisant l’utilisation de vos systèmes. Faites appel à notre expertise pour discuter de votre situation!
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